La règle semi-circulaire

La règle semi-circulaire

L’ORGANISATION INVISIBLE DU TRAFIC AÉRIEN MONDIAL

Un peu d’histoire

La règle semi-circulaire existe depuis les années 1950, lorsque le trafic aérien a commencé à augmenter et qu’il devenait impossible de garantir la sécurité uniquement par les contrôleurs.

Elle fait partie des règles de base adoptées internationalement par l’OACI.
Elle a évolué avec le temps, notamment avec l’introduction du RVSM (Reduced Vertical Separation Minimum), qui permet aujourd’hui un espacement vertical de 1 000 ft entre FL 290 et FL 410.

Cela a doublé la capacité du ciel !

L’esprit de la règle semi-circulaire

Elle assure que deux aéronefs volant dans des directions opposées ne se retrouvent jamais au même niveau, que ce soit un Airbus A350, un Cessna, un hélico ou… un ULM pendulaire.

C’est un système universel :
👉 Tous les aéronefs y sont soumis, y compris les ULM, sauf cas spécifiques prévus par la réglementation locale.

La règle semi-circulaire est l’un des systèmes les plus fondamentaux et élégants de la sécurité aérienne — un règlement silencieux qui prévient chaque année d’innombrables collisions potentielles.
Elle rappelle qu’en aviation, même les systèmes les plus simples sauvent des vies.

IFR vs VFR : deux univers, une même logique

La règle s’applique différemment selon que l’on vole en IFR ou en VFR.

IFR — Instrument Flight Rules (vol aux instruments)

Utilisé par les appareils volant principalement aux instruments (visibilité réduite ou espace aérien contrôlé).

  • Direction Est (000°–179°) : niveaux impairs → FL 60, FL 100, FL 340…
  • Direction Ouest (180°–359°) : niveaux pairs → FL 70, FL 150, FL 430…

Ceci assure la séparation verticale entre les pilotes IFR évoluant à haute altitude tout en se fiant à l’ATC et à leurs instruments.

VFR — Visual Flight Rules (vol à vue)

Utilisé par les aéronefs volant en conditions de bonne visibilité.
(La grande majorité des vols ULM entrent dans cette catégorie.)

Sous le niveau de transition, en VFR, la règle impose :

  • Direction Est : altitudes impaires + 500 ft (ex. 5 500 ft, 7 500 ft…)
  • Direction Ouest : altitudes paires + 500 ft (ex. 4 500 ft, 6 500 ft…)

Cette règle ajoute une marge supplémentaire entre les vols IFR et VFR dans une même zone.

Spécificités ULM : comment appliquer la règle en pratique ?

La règle semi-circulaire s’applique également aux ULM, mais avec des nuances importantes dues :

  • à leurs vitesses plus faibles,
  • à leurs profils de vol plus bas,
  • aux zones dédiées ou conseillées pour le vol loisir,
  • et au fait qu’ils évoluent majoritairement sous 3 500 ft.

Voici les points essentiels :

A. L’ULM reste soumis à la règle semi-circulaire dès qu’il est en VOL DE CROISIÈRE HORS CIRCUIT

Dès qu’un ULM quitte son circuit de piste et navigue vers un autre terrain :

il doit choisir son altitude selon son cap, comme n’importe quel aéronef VFR.

Exemples :

  • Un ULM pendulaire part d’EBSH vers Spa au cap 110° → 3 500 ft ou 5 500 ft.
  • Un multiaxe fait la route vers Namur au cap 240° → 2 500 ft ou 4 500 ft.
B. Sous 3 000 ft AMSL, beaucoup d’ULM volent encore “bas” : attention !

En pratique, de nombreux pilotes ULM volent entre 500 et 2 000 ft pour :

  • éviter le vent fort
  • profiter d’un meilleur panorama
  • rester sous les TMA
  • conserver une marge avec la météo

⚠️ Cependant :
👉 Même à basse altitude, la règle semi-circulaire reste applicable dès que l’on est en croisière.

Un ULM qui navigue à 1 200 ft au cap 090° et croise un autre à 1 200 ft au cap 270°… est en conflit direct.

C. Zones ULM et microlight zones : la règle peut être adaptée

Certaines régions / espaces aériens prévoient des :

  • zones ULM réservées
  • couloirs basse hauteur
  • itinéraires conseillés autour de terrains ULM

Dans ces cas :

→ L’ULM peut être amené à déroger à la règle semi-circulaire.
→ Mais hors de ces zones, la règle s’applique pleinement.

D. Vigilance accrue : les vitesses ULM rendent la règle encore plus essentielle

Un ULM évolue typiquement entre 60 et 200 kt.
Cela signifie :

  • qu’il reste plus longtemps dans les zones de croisement,
  • qu’il rencontre plus souvent d’autres appareils VFR,
  • que les risques de conflit en basse altitude sont plus importants.

👉 La règle semi-circulaire donne une logique simple et efficace pour éviter les rencontres frontales.

E. appel pour la Belgique (dont EBSH)

En Belgique :

  • la règle semi-circulaire est obligatoire en croisière VFR,
  • valable aussi pour les ULM,
  • sauf cas particuliers liés aux zones basses ULM ou aux consignes locales du terrain.
Exemple complet avec ULM
🔽 Situation

Deux ULM quittent deux terrains différents :

  • Un ULM pendulaire part de Saint-Hubert (EBSH) vers Libramont : cap ~200°.
    → Altitude VFR recommandée : 2 500 ft ou 4 500 ft.
  • Un ULM multiaxe part de Bastogne vers Saint-Hubert : cap ~050°.
    → Altitude VFR recommandée : 3 500 ft ou 5 500 ft.
🔽 Résultat

→ Ils peuvent se croiser dans la zone…
Mais ils seront séparés de 1 000 ft si chacun respecte la règle.

C’est exactement l’objectif recherché.

🎯 Autre exemple simple :
  • Un Cessna vole au cap 037° (vers l’Est).
    → altitude recommandée : 5 500 ft (VFR) ou FL 100 (IFR).
  • Un DR400 vole au cap 217° (vers l’Ouest).
    → altitude recommandée : 6 500 ft (VFR) ou FL 110 (IFR).

Même si ces deux avions ne se voient pas, même sans radar :
👉 ils sont séparés verticalement de 1 000 ft (ou 500 ft en VFR).
C’est ce principe qui évite des milliers de conflits par an.

Pourquoi cette règle est-elle aussi puissante ?

Parce qu’elle :

fonctionne même sans technologie : parfaite au-dessus des océans.
est facile à mémoriser : Est/Impair, Ouest/Pair.
évite 99 % des conflits potentiels.
réduit la charge de travail des contrôleurs.
permet une standardisation mondiale.

C’est l’un des principes les plus simples, et pourtant l’un des plus robustes en sécurité aérienne.

EN Résumé

✔️ Vers l’Est : altitudes impaires + 500 ft
✔️ Vers l’Ouest : altitudes paires + 500 ft
✔️ Applicable à tout aéronef VFR, y compris les ULM
✔️ Surtout important en croisière hors circuit
✔️ Des exceptions existent dans les zones ULM spécifiées
✔️ Réduit massivement les risques de conflit, surtout en basse altitude
✔️ Système mondial, simple, efficace
✔️ Séparation automatique entre aéronefs